L'écho des campagnes en Dauphiné Provence - Automne Hiver 2025

Après un hiver humide qui a bien rechargé les nappes phréatiques, le printemps a commencé par un mois avril doux et pluvieux, maintenant la réserve d’eau utile des sols à un niveau optimal. Les cultures sont arrivées en avance et nous avons commencé mi-mai, la distillation des thyms près de 10 jours plus tôt que l’année dernière.

Le mois de juin, particulièrement chaud (+2,8 °C au-dessus des normales saisonnières), a cependant marqué un tournant. Cette chaleur excessive, couplée à un déficit hydrique, a provoqué un stress important sur les plantes : floraison prématurée, ralentissement de la croissance et diminution de la biomasse. Les récoltes ont été avancées et les volumes produits en baisse.

Les rendements ont été très variables selon les espèces et les zones géographiques. Cette situation a entraîné une concentration des périodes de distillation, avec une superposition des différentes cultures à distiller au même moment. Les efforts se sont notamment portés sur l’hélichryse et la camomille romaine. Parallèlement, la majorité de nos producteurs partenaires de la SICA Bio Plantes ont distillé leurs lavandes sur la même période.

On observe une baisse de la production très importante sur la camomille romaine par exemple. Sur les lavandes, les rendements sont plus contrastés, allant d’une diminution de 50 % à des volumes proches de la normale selon les zones.

Des orages violents, parfois accompagnés de grêle, ont par ailleurs causé d’importants dégâts sur certaines parcelles, notamment de sauge sclarée, juste avant la récolte. 
Avec des volumes réduits et une concentration des récoltes sur une courte période, la campagne de distillation s’est révélée particulièrement dense et plus courte que les années précédentes.

Le mois d’août a été marqué par un épisode de canicule accompagné de faibles précipitations.

De nombreuses cultures déjà récoltées, telles que la menthe, la mélisse ou le thym, ont eu des difficultés à redémarrer leur croissance. Elles ont dû attendre le retour des pluies en septembre pour repartir. En conséquence, les dernières coupes se sont révélées modestes et la campagne de récolte 2025 affiche une baisse des volumes produits.

Avec l’arrivée de l’Automne, les producteurs de la SICA Bio Plantes et d’Elixens France se réunissent afin de dresser le bilan de l’année écoulée et d’échanger sur leurs expériences. Ces rencontres sont l’occasion d’identifier des axes d’amélioration pour les pratiques culturales et d’ajuster les surfaces de production en fonction des besoins du marché et des perspectives d’évolution.

La distillerie d’Elixens France, quant à elle, reste en pleine activité durant l’Automne. Après les géraniums, ce sont les dernières coupes de menthe qui passent à la distillation, avant de laisser place aux résineux tels que le cèdre et le cyprès. En parallèle, la distillerie poursuit aussi la fabrication des eaux florales issues des plantes sèches récoltées cette année, notamment le bleuet, la mauve sylvestre et le souci.

LAVANDE

Les prix repartent à la hausse, conséquence directe de rendements de production en baisse, probablement liés au réchauffement climatique. Malgré cette tendance, on observe encore quelques déstockages opportunistes à bas prix.

La lavande fine (incluant les variétés Carla et Rapido) voit ses rendements plus impactés que la lavande clonale (telles que Maillette, Diva, Matheronne, Vista). En conséquence, une partie de la demande devrait se reporter vers les variétés clonales.

Les deux types de lavande sont donc concernés par une augmentation progressive des prix, tandis que les stocks des années précédentes commencent à s’écouler. Pour l’instant, ces hausses restent modérées.
En Bulgarie, les prix augmentent également, bien qu’ils restent nettement inférieurs aux origines Françaises. Les volumes récoltés sont en baisse du fait de niveaux de prix encore insatisfaisants.

LAVANDIN

Le marché évolue.  Les surfaces de culture ont fortement diminué ces dernières années, entraînant une baisse significative des volumes récoltés (-30 à - 40% par rapport à l’an dernier). Parallèlement, la consommation repart légèrement à la hausse. Les ventes du désespoir se sont raréfiées (ventes à tout prix observée l’an dernier). Pour autant, de nombreux producteurs sont en difficulté avec un stock encore conséquent. 

Les récoltes sont en net recul et l’approvisionnement du marché s’est fait en partie grâce à un début de déstockage. On estime qu’environ 20 % des fournitures actuelles proviennent des récoltes des années précédentes. 

La concentration du stock s’est encore accrue au niveau de certains opérateurs qui accumulent des volumes significatifs. Le CIHEF encourage les producteurs à replanter, mais la faiblesse de la trésorerie freine les initiatives. À noter que le marché du lavandin Grosso bio est particulièrement saturé, de nombreux producteurs ayant fait le choix de la conversion biologique dans l’espoir d’une meilleure valorisation.

Les niveaux de prix sont à la hausse sans retrouver des niveaux d’équilibre du marché. Une fois les stocks actuels résorbés, le marché connaîtra une période de tension prolongée, propice à une reprise probablement violente des prix à la hausse. Dans cette optique, Elixens France considère que la fenêtre pour mettre en place des solutions de contractualisation à moyen terme, incluant un cadre de fixation des prix s’est ouverte. Les modalités de ces accords visent à offrir un partenariat équilibré et responsable à ses clients, et à anticiper les déséquilibres à venir sur le marché du Lavandin.