L'écho des campagnes en Dauphiné Provence - Automne 2024

La saison de distillation des plantes fraîches s'est achevée en ce début octobre avec la fin des récoltes de Géranium et de Menthe poivrée. L'été 2024 a été particulièrement complexe, avec des difficultés pour coordonner les récoltes et les distillations en raison de fréquents épisodes pluvieux. De plus, des températures moyennes inférieures de 1°C à 3°C par rapport aux normales de saison (de juin à septembre) ont entraîné une moindre concentration d'essence dans nos cultures destinées aux huiles essentielles. Le soutien d'un réseau de distilleries locales et expérimentées s'est révélé être un atout majeur pour notre filière. Dans ce contexte de moindre rendement en huile essentielle, il est crucial de pouvoir aussi valoriser les hydrolats et eaux florales que nous récupérons avec soin au moment de la distillation. La valorisation de ces co-produits au-delà de l’importance économique qu’elle représente pour les producteurs est stratégique pour l’analyse de cycle de vie d’une huile essentielle. En particulier, l’achat d’hydrolat de lavande Bio permet de soutenir les producteurs de lavande et lavandin en cette période de crise de surproduction.

Les distillations effectuées avant le 15 juillet ont été décevantes en termes de rendement en huile essentielle. Toutefois, certaines plantes, telles que l’hélichryse et la camomille romaine, ont offert des rendements très satisfaisants.

Du côté de l'herboristerie, les premières récoltes de printemps et d’été ont été abondantes et bien séchées, malgré les défis posés par la météo. Certaines parcelles, comme celles de fenouil et de marjolaine, n’ont même pas nécessité d’irrigation selon leur localisation. Cependant, les températures plus fraîches ont ralenti la repousse des plantes, si bien que certaines parcelles de menthe et de verveine n’ont pas été récoltées cet automne.

Dès cet automne, la campagne de distillation des résineux va commencer avec en premier lieu le cèdre qui sera distillé au début du mois de novembre.

Par ailleurs, Elixens et la SICA-Bioplantes collaborent avec leurs clients pour développer de nouvelles espèces. Ces expérimentations, très prometteuses pour 2024, se poursuivront en 2025.

Enfin, l’année 2024 marque le début d’un projet d’analyse de la santé des sols chez nos producteurs partenaires. Des prélèvements ont été réalisés au printemps et au début de l’été. Cet hiver sera l’occasion de synthétiser les résultats et d'évaluer l'impact de notre filière Dauphiné-Provence sur les sols cultivés.

L’évolution de la filière lavande lavandins se confirme. Nous faisions état dans nos derniers rapports du phénomène d’accumulation d’un stock important notamment sur le lavandin grosso et de réactions prochaines de la structure de production.

Les surfaces en production avaient peu évolué (à la baisse) lors de la campagne 2023-2024.

L’espoir de voir repartir les marchés avait conduit les producteurs à différer leur prise de décision.

Il en est tout autrement en cet automne 2024 :

• Les récoltes 2024 sont médiocres. Les épisodes pluvieux réguliers du printemps et de l’été ont limité les teneurs en essence des plantes.
• Une demande atone sur le 1er semestre 2024 et des prix très bas constatés sur les marchés spots ont poussé certains producteurs à se défaire de leurs stocks à tout prix ou même de leur récolte 2024.

Les parcelles en jachère n’étaient pas rares cet été donnant un aspect inhabituel et moins attractif à nos champs de lavandins.

• Les arrachages semblent avoir été intenses et devraient encore s’accentuer sur cet automne. Les données actualisées du parcellaire ne sont pas encore disponibles (elles sont attendues au premier trimestre 2025). Il semble de plus que si des replantations avaient eu lieu l’an passé, les commandes de plants aux pépiniéristes se sont taries.
• De nombreuses transactions ont eu lieu entre des producteurs étranglés et certains intervenants de la filière. Ces ventes à bon compte portant sur des volumes significatifs sont stockées.

Les graines de la prochaine crise du lavandin sont en terre. Nul ne peut dire combien de temps elles mettront à germer. Les paramètres de survenue du prochain épisode spéculatif sont les suivants :

• Le niveau de la consommation : Il s’est ressaisi ces derniers mois mais reste en deçà des niveaux hauts rencontrés il y a 3 ans.
• Le niveau du stock total : Nous pensons que sur cette campagne, la consommation devrait être supérieure à la production effective. Cette nuance est importante, elle distingue la production réelle de la production déclarée qui inclura selon toute vraisemblance du report de stock des années passées. Le stock total a donc commencé à baisser pour la première fois depuis plusieurs années.
• Le niveau du stock disponible : Un phénomène de déplacement de stock s’est opéré ces derniers mois. Il semble qu'une partie significative et croissante du stock est passé des caves des producteurs aux entrepôts de différents intervenants de la filière. Il est probable que ces stocks servent à accélérer le retournement de marché dès que les premières tensions se feront sentir.
• La capacité de production : Les surfaces en culture devraient sensiblement refluer, selon une cinétique plus brutale que celle que nous avions anticipée. Les producteurs qui se détournent des productions lavandicoles ou d’autres producteurs à la recherche de diversification seront plus difficiles à recruter sur notre filière. La production des plants nécessaires à la relance de la production mettra également du temps à se réactiver. Ainsi un temps de latence doit être anticipé pour que la capacité de production progresse de nouveau.

Tout indique qu’à résorption du stock disponible, le marché se retrouvera sous tension pendant une période assez longue pour que les cours du produit repartent à la hausse probablement de manière violente.

Nous ne savons dire à quelle échéance se produiront ces phénomènes, mais ELIXENS France promeut depuis longtemps une manière alternative de sourcing des produits lavandés.

Une contractualisation des volumes sur le moyen terme ainsi qu’une contractualisation d’une méthode de fixation des prix est proposée par Elixens France aux clients sensibles aux engagements justes et équilibrés sur leurs achats et soucieux d’éviter la prochaine crise du Lavandin.